Voici la deuxième partie de ma conversation avec mon ancien collègue et ami Dieudonné Cirhigiri. Il partage son point de vue sur l’état de la coopération internationale en RD Congo, appelle de toute urgence à une meilleure coordination humanitaire au niveau national, et discute des options pour amplifier les voix locales et mieux aborder le changement climatique.
Dieudonné, est-ce que tu vois un changement dans la façon où la coopération internationale est organisée en RDC ou dans la région?
On juge de l’arbre à ses fruits, Farida. Si les mêmes défauts d’hier perdurent ou même s’aggravent, c’est qu’on n’y a rien fait ou qu’on l’a mal fait. Et le temps a fait le reste. Par usure, accoutumance ou amplification.
Oui, apparemment, beaucoup de choses ont changé. On est passé de projets concrets du genre « Désarmement, démobilisation et réinsertion des enfants associés aux forces et aux groupes armés » à des projets philosophiques ou trigonométriques du genre « COVID 19, KOP 21 [‘Kinshasa Opération Partage’ en lieu du COP 21, les négociations sur le climat qui ont mené à l’Accord de Paris en 2015], M23, Appui à la gouvernance, Gratuité de l’Enseignement et/ou protection de la Biodiversité », sans indicateurs ni délais mesurables et ouverts à toutes les spéculations…
Est-ce le FAO ou le PAM [organisations des Nations Unies pour l’agriculture et l’assistance alimentaire] avec la faim qui rage tous azimuts après plus de 30 ans dans un des pays les plus fertiles du monde? Est-ce la MONUSCO [la mission des Nations Unies en RDC] avec ses déclarations ostentatoires d’impuissance après 20 ans d’exploitation éhontée du pays ?
Pourtant, le bilan serait meilleur si les bailleurs étaient moins directeurs et écoutaient. S’ils s’occupaient de questions vraiment sérieuses et structurantes au lieu de thématiques occasionnelles et marginales. Si bailleurs, gouvernement et acteurs du secteur privé avaient ouvertement leur part au chapitre au lieu d’élaborer des supercheries. Si la main d’œuvre motivée et abondante de ce pays, lui-même extraordinaire, était intéressée et utilisée. Si les pas et les gestes de tant d’agents humanitaires motivés et de bonne foi n’étaient pas trompés par le système et ne se mourraient pas sans trace ni mémoire…
Non. Rien ne changera ni positivement, ni surtout pas durablement, tant que les agendas officiels seront différents des vraies motivations. Il y faudra une conversion ou une révolution. Ce système a vécu son temps. Il est temps d’en découdre.
Comment amplifier les voix des acteurs locaux?
La question n’est plus celle de « voix qui crient dans un désert sans berge » mais celle de « Comment rapprocher et réconcilier en un commun objectif de pain et paix pour tous, des acteurs qui hier se côtoyaient sans se voir, et s’entendaient sans s’écouter… ».
Je n’ai à redire ici que mon idée de création, en chaque pays, d’une unité nationale de monitoring et de coordination des activités humanitaires, au carrefour des quatre points de force citées plus haut, à savoir le gouvernement, les bailleurs, les ONG et les entreprises du secteur privé.
En RDC, quelques bailleurs et quelques ONG comme la nôtre pourraient se joindre pour créer « un Corps de Volontaires pour la Nation (CVPN)», de par tout le pays et pour financer des projets d’envergure nationale dont découleront, par ricochet, les moyens nécessaires à la conduite continue d’activités sociales.
Ces ONGs travailleront de manière holistique, en s’accordant avec le gouvernement et les populations sur les priorités du moment et sur leur plan de mise en œuvre et utilisant pour ce faire des acteurs de la société civile et du secteur privé, aussi bien nationaux qu’internationaux, au titre de partenaires, voire d’investisseurs.
Le CVPN sera constitué de volontaires, comme son nom l’indique, venant de chaque milieu et justifiant de toutes les gammes de compétences disponibles au pays. Ses membres seront formés pour des tâches spécifiques aux cotés des ONG internationales ou d’entreprises partenaires du secteur privé, allégeant d’autant le temps de leur recrutement et le prix de leurs prestations.
Ils vivront et travailleront dans, avec et pour leurs communautés, répercutant leurs succès comme leurs échecs à l’attention des organismes référence ou compétence. Ainsi, avec les merveilles de l’informatique, leurs voies seront connues et leurs voix, entendues de partout.
Quelle prévention pouvons-nous faire pour sauvegarder le climat?
Nous travaillons pour le moment sur deux projets qui concourent à la réduction du réchauffement climatique.
Le premier, directement : c’est la production intensive et l’utilisation d’hydrogène verte dans des cuiseurs à hydrogène, des chambres froides à hydrogène, des motoculteurs à hydrogène, et même des carburateurs à hydrogène. Ainsi, en absence de braises, les forêts pourront repousser, la biodiversité, se réorganiser et les villes, se dépolluer des gaz de pétrole.
Le second, indirectement: c’est la création d’une Ecole transnationale de Hautes Etudes (médicales, agronomiques, mécaniques, informatiques, politiques et sécuritaires etc.) qui s’appliquera à fabriquer des entrepreneurs spécialisés en chacun de ces domaines depuis l’enfance en intégrant tout au long du cursus, des notions et des précautions d’ordre environnemental. Le sachant, ils le mettront en pratique, ne serait-ce que pour l’intérêt de leurs familles et de leurs entreprises.
Souhaites-tu nous dire autre chose?
Nous ne pouvons clôturer cet échange sans évoquer les questions transversales de la disponibilité et de la circulation efficiente des ressources financières comme des outils de production, monitoring et partage pertinents des données du programme.
Les preuves de crédit bancaires doivent être fournies d’amont et portées à la connaissance du public pour suivi, même à distance. Cela veut dire, quelque part, l’obligation d’une coordination informatique de toutes les données du programme, y compris les dépenses et les recettes locales. La plupart des opérations se dérouleront en monnaie électronique, du bailleur au prestataire, moyennant l’avis favorable du gouvernement et de la coordination.
L’engagement face à face est clé. Si les représentants de la communauté, des bailleurs, du gouvernement sont impliqués dans la gestion budgétaire, il sera plus difficile d’avoir la corruption. Nous sommes tous parties prenantes. Il faut créer une note de crédit à la banque, pas au gestionnaire du projet, pour avoir un regard de tout le monde au travail en cours. C’est la caisse bancaire qui devrait payer. Nous gérions le travail, pas la paie.
Les recettes sur activités serviront au remboursement des investissements en vue d’autres projets dans le pays et au paiement de dividendes, à part égales, entre le bailleur, les autres investisseurs, le gouvernement et le bureau de coordination pour le Fond du bien être national. A défaut de quoi, les ruptures de liquidités deviendront la monnaie courante et le projet se mourra, exsangue et regrettable.
Notre rôle en tant que société civile c’est d’être là et d’investir beaucoup dans l’éducation, les soins médicaux et le plaidoyer. Nous ne sommes pas de sapeurs-pompiers, nous devons nous concentrer sur la prévention, l’éducation et l’emploi.
Si nous sommes solidaires avec les bailleurs de fond, il y a même une chance qu’ils amplifient nos voix auprès du gouvernement. Nous avons quand même une force, les bailleurs s’appuyant sur nous et le gouvernement sur eux. Nous sommes indispensables.
Les gens ont besoin d’action, « to eat and drink your programmes» [« de manger et boire vos programmes »]. Il faut mettre en place une unité de coordination et surveillance au sein du gouvernement qui soit la contrepartie humanitaire nationale de OCHA [le bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires]. Ainsi, nous devons utiliser un fond d’appui aux urgences (par exemple, un pourcentage de la TVA) au lieu d’attendre les bailleurs.
En bref, avant d’être l’affaire des ONG et des bailleurs de fonds, l’action humanitaire est l’affaire des citoyens et du gouvernement. Les ONG internationales parlent aisément aux ONGs locales si elles ne s’emmurent pas, d’un côté ou de l’autre. Et les bailleurs de fonds parlent aisément aux gouvernements. Entre et pour eux sied la coordination nationale des affaires humanitaires, structurellement et non épisodiquement ou extérieurement.
Photo : Dieudonné Cirhigiri
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2 Comments
Thanks Farida for sharing this mervelous interview! You did great by amplifying his voice !
les politiques internationales con les africaines pour les nations unies est tres ambivalantes
Les politiques pour les secures pour les position politiques tres superieur en les classes basses est tres diferents
les programes pour les maintener les paix en zones de guerres de nations unies est tres horrible
Un jour les Nations Unies travailles con les organation regionalles les Union Africianes pour les realizes les traites pour droits des les hommes en Africianes
Les Chartes Africianes des droits des les homme et peuple, les protooclo de maputo pour droits des les femmes, les protocol joven de afriicanes
Les mouvement pour les maintener les paix en les RDC est les travailles tres dificiles